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philosophie instants
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31 mars 2007

les 300

Au début, on se n’y croit pas trop. Mais comme on se plonge un peu dans les quelques détails historiques réels, on ne se dit : ce n’est pas possible … que quelques-uns, disciplinés cad organisés, aient tenu tête durant quelques instants, chétifs mais cruciaux, et donc historiques au sens plein, à une invasion monumentale. On est gêné, un peu, de quelques facilités made US, mais aussi sentimentales… or ces dernières parviennent juste en contrepoint d’une férocité qui se dévoile peu à peu. Etrangement cette férocité n'apparait pas brutalement. D’une férocité sans pitié : qui n’offre pas le désordre des hordes qui s’abattent, mais marque le pas d’une volonté consciente hallucinante. Une cité organisée pour et par la guerre : un autre monde pour nous … d’autant que encore une fois il ne s’agit nullement de sauvagerie, ni de violence infondée et inconsidérée. Parce que ce qui traverse toutes les images, c’est la charge de ce sacrifice consenti, volontaire, et assumé autant en intention (la gloire des guerriers) qu’en justification (cette gloire n’est pas inutile)… parce qu’aussi bien sur leurs lances et leurs glaives, un empire c’est déchiré. Qui menaçait historiquement une civilisation entière. Intention d’un égocentrisme voulu et justification historique forment en somme une perfection : un accord. Et le contrepoint acharné du contrepoint sentimental, c’est ce manifeste désir de baptiser sa vie d’une mort infiniment glorieuse. Ici se referment les vies ; dans leur volontés affirmées. De sorte que ce sacrifice prend sa réelle dimension personnelle : celle d’un égoïsme généreux… d’un panthéisme singularisé en quelques âmes, d’un accord fastueux, celui d’un sacrifice vivant par-delà lui-même qui s’engouffre comme le défilé abrupt d’un destin prévu par une individualité monumentale et plurielle (300 volontés). Doublée du balancement homme-femme : qui manifestent tous deux « l’essence guerrière » : ce qui n’est sans surprendre. (301...) Perfection encore puisque aux instants décisifs (et qui réellement alors sont des instants de décisions) le roi Léonidas est parcouru du souffle du vent, du froid qui effleure, de mille sensations naturelles ; infiniment percevant autant qu’il découvre, et révèle : vivant… aux portes de la mort sanglante. Corps, cœur et esprit, tout est ainsi parfaitement lié. Autant que désir de gloire égoïste et justification de cet égoïsme : parvenir à l’instant parfait : lorsque toutes les causes assumées s’abîment en une volonté chargée de sa propre vision. Et plutôt que d’un délire de fou furieux, il apparaît qu’il est en cause d’un calcul intégral de quelques uns ayant pris sur eux-mêmes la perfection complète, achevée d’un instant. De là viennent les glissements lents vers la saisie sensible, perceptible, ressentie de cet engagement. On est engouffré dans une petite complexité, mais une complexité quand même : entièrement vouée à la célébration d’un acte. Les critiques anti américaines (« la nouvelle sparte » : sans doute en partie valables), n’ont pas grande importance dans la mesure où l’expérience visuelle se veut épique : autant condamné Homère et tous les grecs ! Et que les valeurs sont universelles : liberté contre tyrannie. Ça peut s’appliquer à toute situation d’oppression. Et enfin l’esthétisme peut sembler lourdingue à ceux qui n’ont pas l’esprit BD ou jeu vidéo, c’est qu’il leur faut apprendre que les règles du récit et de l’apparence ont quelque peu changé depuis les années soixante… et que étrangement, ça n’est peut-être pas loin de désirer porter des concepts … Et que par conséquent ça porte autre chose que le classicisme et l’espèce de fausse perception compassée : il y a du sang qui gicle sur l’écran (relativement, il ne faut pas exagérer : mauvais procès intenté, qui voudrait disqualifier absurdement), parce qu’effectivement, en vrai, ça n’était pas sans effusions diverses et variées : n’est-ce pas … ? Au terme on se demande : comment ont-ils extrait et cette férocité, et cette victoire du cours de l’histoire, prodigieusement infléchie ? 

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